Photographies prises dans la tribu des Aït Ouirra en 1950-1951 par le capitaine Jean Vaugien.
Le photographe : Jean Vaugien
Jean Vaugien naît le 20 août 1916 à Breurey-les-Faverney (Haute-Saône, France). Deux ans plus tard sa famille rejoint le Maroc où son père, officier des Zouaves, était affecté avant la guerre. La famille Vaugien suit ensuite les différentes affectations du père dans les territoires berbères du Maroc. Grâce à son enfance au Maroc Jean Vaugien apprend à connaître le pays, ses habitants, ses langues : l’arabe et surtout le berbère qu’il maîtrise parfaitement. Comme son père il devient officier et est affecté au Maroc dès 1938.

Le sous-lieutenant Jean Vaugien (le 2e en partant de la gauche) et son père le capitaine Charles Vaugien (le 5e) à Bou Zineb, près d’Aknoul (région de Taza) en 1939. Jean Vaugien, chef de poste de Bou Zineb était alors sous l’autorité de son père Charles, chef de bureau des affaires indigènes du cercle du haut M’Soun.

Le capitaine Jean Vaugien (à gauche), aide de camp du général de Lattre de Tassigny, chef de la 1ère armée française (à droite). (Remise de décorations à la 1ère Division de la France Libre, Luxeuil, décembre 1944).
Pendant la Seconde Guerre mondiale il est nommé chef du 14e Goum chérifien, une unité issue d’une tribu berbère du Maroc spécialisée dans les combats en montagne. Il mène brillamment cette unité pendant les campagnes d’Italie, de Provence et d’Alsace. Il y partage la vie rude et les combats de ces farouches guerriers berbères qui ont joué un rôle décisif dans la prise de Monte Cassino. Puis, en Alsace, il rejoint l’État major de la première Armée française où il devient aide de camp du général de Lattre de Tassigny. Aux côtés du chef de l’armée française, il participe à toute la campagne du Rhin au Danube.

Le capitaine Jean Vaugien (à gauche) et le commandant Jean Rousseau, chef du cercle d’el-Ksiba (à droite), encadrant des notables de la tribu des Aït Ouirra. (El Ksiba, photo prise entre le 5/2/48 et le 1/7/51).
Rentré au Maroc à la fin de la guerre, il devient officier des affaires indigènes et est affecté début 1948 à el-Ksiba dans le moyen Atlas marocain. Jusqu’en août 1951 il assure le commandement du bureau d’el-Ksiba. En tant qu’officier des affaires indigènes il doit assurer la sécurité et l’administration de son territoire et en particulier contrôler la tribu berbère des Aït Ouirra. L’administration de ces régions de montagne avait été confiée à l’armée en raison de l’instabilité permanente des tribus berbères qui ne s’étaient jamais totalement soumise. Son rôle est donc de diriger l’administration locale, de maintenir la paix entre les tribus, d’assurer le bon fonctionnement des institutions et de la justice coutumières.
C’est pendant ce séjour, entre juillet 1950 et janvier 1951, qu’il rédige un mémoire sur la tribu dont il a la charge : Évolution d’une tribu berbère du Maroc central, les Aït Ouirra. Ce mémoire aurait pu n’être qu’un travail de commande de l’administration coloniale française. Mais grâce à sa familiarité avec les tribus berbères, Jean Vaugien se livre à un véritable travail d’ethnologue et de géographe. C’est de ce mémoire que sont extraites les photographies présentées ici.
Jean Vaugien poursuit ensuite sa carrière à Paris, en Algérie et en Allemagne et prend sa retraite avec le grade de général. Il est décédé accidentellement le 20 mars 1975 à Mascara (Algérie).
Les photographies
Les photographies de personnes sont les plus intéressante tant d’un point de vue esthétique que d’un point de vue ethnologique. Cependant nous avons tenu à présenter aussi les photographies de paysage par respect pour l’auteur. Nous présentons donc toutes les photographies du mémoire avec les légendes qui ont été données par Jean Vaugien, complétées parfois par diverses sources.
Galerie de photographies :
Cliquer sur les images pour les afficher en grand avec la légende.
- Bassou ould Moha ou Said. Chevalier de la Légion d’honneur Caid des Aït Ouirra.
- LE PAYS – page 5… « N’importe lequel de ces sommets est un belvédère magnifique… » Les collines du Dir de Ksiba vues du col des Ait Ouirra – Au fond la plaine de Tadla – A flanc de montagne: la piste Ksiba – Arhbala – Imilchil
- LE PAYS – Tizi n’Ait Ouirra – Tizi n’Taqadoust – Tizi n’Migendis – Tizi n’Serdount Page 14… » en réalité de nombreuses voies d’accès traversent la montagne « … La chaîne septentrionale et le massif du Bou Yadder vus d’Ifesfess
- HISTOIRE CONTEMPORAINE – page 12… « Les Aït Ouirra s’emparèrent du col qui depuis porte leur nom… » Le Tizi n’Aït Ouirra vu du versant sud
- HISTOIRE CONTEMPORAINE – page 15… « Le personnage Aït Ouirra »… …Le vêtement : une chemise et un burnous qu’on lave rarement en constituent les pièces essentielles. Mimoun ou Hacine, des Aït Gouaddi, chef de tente.
- PEUPLEMENT – Page 15 : … « le personnage des Aït Ouirra »… Type de femme : Fatma Salah, des Aït Khouya Mohand.
- HISTOIRE CONTEMPORAINE – Page 27 : … »Le caïd se retira en montagne où il mourût en 1924″… Le tombeau de Moha ou Saïd à Ben Cherro.
- LA RÉORGANISATION RURALE – Page 40 : … »La fraction comprend une jemaâ élue »… La Jemaâ élue des Aït Wayya
- ÉVOLUTION DE LA VIE PUBLIQUE – Page 41 : … »Les travaux suivants ont été réalisés récemment avec la caisse de Tribu »… Boutiques de bouchers (construites au centre de Ksiba en 1950).
- LA VIE PUBLIQUE – Le tribunal coutumier des Aït Ouirra, Décembre 1950 Au centre, au premier plan, le caïd Bassou A gauche, se cachant le visage, Saïd n’ait Moha ou Bassou, originaire de Saarif.
- LA SÉDENTARISATION – Page 48 : … »Le nombre des maisons particulières a plus que doublé au cours des quinze dernières années »… Une « taddert » dans la région de Naour.
- LA SÉDENTARISATION – Page 49 : Un centre caractéristique : Ksiba.
- LA SÉDENTARISATION – Page 49 : … »C’est surtout dans les petits centres du Dir que se développe la construction »… Saarif
- ÉVOLUTION DE LA VIE PRIVÉE – Page 50 : … »La vie domestique des nomades est rudimentaire »… Tente et abri à moutons près de Bou Noual
- CARACTÈRE ATAVIQUE DE L’AÏT OUIRRA – Page 59 : … »En pays Aït Ouirra, on se tue pour la terre et pour l’eau »… Page 15 : …Presque tous les hommes portent sur eux une « tassarrit » long couteau droit effilé et parfaitement aiguisé qui sert parfois à tuer le voisin »…
- LA VIE RELIGIEUSE – Page 68 : … »Certains sanctuaires ont conservé quelque importance »… Sidi Mohand ou Youssef à Ksiba.
- POLITIQUE SCOLAIRE – Page 75 : … »La modeste école construite en 1937 a fait place à un groupe scolaire qui rassemble 493 petits berbères »…
- ÉVOLUTION INTELLECTUELLE (LE PROBLÈME SCOLAIRE) – Page 74 : … »A Ksiba, 7 classes de garçons »… Une vue de l’école de Ksiba
Sources :
- Jean VAUGIEN, Carnets de guerre, campagnes d’Italie, de Provence et d’Alsace, (1943-1944). Deux cahiers manuscrits. (Archives familiales). Publiés en 2015 aux éditions Lavauzelle.
- Jean VAUGIEN, Évolution d’une tribu berbère du Maroc central, les Aït Ouirra, mémoire dactylographié, janvier 1951. (Archives familiales).
- Service Historique de l’Armée de Terre, château de Vincennes, Dossier personnel du général Vaugien (691/généraux 5e série).
- Guy DELANOË, Lyautey, Juin, Mohammed V : fin d’un protectorat, Paris : Ed. l’Harmattan, 1991, 223 p.
- René JACQUOT, Souvenirs d’un forestier français au Maroc, 1952-1968, Paris : L’Harmattan, 2008, 241 p.
- Daniel RIVET, Le Maroc de Lyautey à Mohammed V. Le double visage du Protectorat, Paris : Denoël, 1999.
Sites Internet sur les berbères ou el-Ksiba :
- Découvrez l’administration coloniale française à travers des photos de Fêtes officielles à El Ksiba (Moyen Atlas) vers 1950 : visite officielle du général Juin ; commémoration du 14 juillet.
- Rapport du capitaine MONDIELLE, commandant la 5e compagnie du 3eme zouave sur le combat de KSIBA le 10 juin 1913.
- Le portail de la ville d’el-Ksiba.
- Un site sur les goumiers : Sanchez Joseph, légionnaire, tirailleur et goumier marocain.
Quelques sites Internet sur le Maroc sous le protectorat :
- Une vie à Fedala : la ville de Fedala-Mohammedia, ses enseignants, ses écoles, de 1912 à 1980.
- L’excellent site de Jacques Gandini qui ne se limite pas à l’Histoire de Ouarzazate, mais aborde de nombreux aspects du Maroc avant et sous le protectorat, dont des articles sur les officiers des Affaires indigènes et les goums.