Bramevaque, un château méconnu des Hautes-Pyrénées

Bramevaque est un  site magnifique et d’un grand intérêt archéologique. Il donne une bonne idée de ce que pouvait être un château du XIIe siècle comme on en rencontre aussi dans les Corbières.

Vue générale du château depuis le sud. Au premier plan l’enceinte du castrum. Au second la tour, la chemise et la chapelle.

Le château domine la vallée de l’Ours entre Mauléon, capitale de la Barousse et Saint-Bertrand, l’ancienne capitale du Comminges. Bien que signalé sur de nombreux guides et sites touristiques ce château reste mal connu. Tout au plus affirme-t-on qu’il aurait appartenu aux comtes de Comminges ou qu’il aurait été construit par un certain Sanche de Labarthe au XIe siècle. On y raconte en revanche volontiers les légendes y sont attachées.

La chapelle et la basse cour vues de la tour

Profitant du week-end j’ai eu l’occasion de revoir ce site après une première visite en 1993. Depuis cette date le site a été dégagé de la végétation qui le recouvrait, un escalier a été construit pour accéder à la tour restaurée et les ruines de la chapelle ont été stabilisées. Un appentis a été construit dans la basse-cour qui accueille des chantiers de jeunes et des animations en été.

Chemin creux pavé

Le château est construit sur une colline rocheuse isolée du reste de la montagne par un fossé. On y accède par un chemin creux pavé qui longe les parois rocheuses de la colline à l’ouest. On arrive alors à un col constitué par un large fossé bordé par une longue enceinte. C’est dans cette enceinte qu’une brèche matérialise l’emplacement de la porte. On accède alors à une vaste basse-cour qui abritait les dépendances du château ou un village castral.

À cet endroit ce qui frappe le visiteur c’est le rocher supportant la tour et la chapelle dominant le site. On accède à cet ensemble en traversant une seconde enceinte délimitant une haute cour et abritant un grand bâtiment en ruine. Un escalier construit en 2001 par des jeunes bénévoles de l’association Jeunesse et reconstruction permet d’accéder au cap castel ou réduit seigneurial abritant la chapelle et la tour.

Fenêtre et corniche à billettes de la chapelle

La chapelle bien que ruinée, présente des éléments intéressants, notamment une corniche sculptée de billettes qui permet d’attribuer cette construction à l’art roman. Les chapiteaux de marbre signalés en 1886 ont depuis disparus. Ils devaient être intégrés à la porte qui s’ouvre à l’Ouest.

Les ruines de la chapelle et le village de Troubat

Fenêtre cruciforme de Bramevaque

A l’extérieur de la chapelle dans le mur d’enceinte s’ouvre une fenêtre cruciforme couverte par un arc en plein cintre. Constituée d’une fente à ébrasement intérieur, élargie pour former une croix latine, c’est à la fois une ouverture de tir et un élément décoratif à caractère religieux. Le mur dans lequel elle est aménagée s’appuie à l’Est sur la chapelle et à l’Ouest sur la chemise de la tour. La fenêtre est donc postérieure à ces deux édifices et peut dater de la fin du XIIe ou de la première moitié du XIIIe siècle.

Fenêtre cruciforme de Termes

Ce type de fenêtre cruciforme est plutôt rare. On en rencontre une dans la chapelle du château de Termes et dans l’église Saint Félix de Castelmaure (Aude). On en signale à Saint-Guilhem le Désert (Hérault), à l’église Santa Maria de la Tossa de Montbui (Catalogne) et l’église Sant Cerni de Nagol (Andorre) mais je n’en connais pas les caractéristiques. Tous ces édifices sont de style roman et localisés dans l’espace catalano-occitan. Il serait intéressant de recenser et d’étudier toutes les fenêtres cruciformes pour les dater et voir si elles résultent de la diffusion d’un modèle.

Porte d’entrée de la tour après restauration

La tour ou donjon, située au point le plus haut, est entourée d’une chemise laissant sur trois côtés un espace étroit et une petite cour. On retrouve le même dispositif au château de Nouvelles (commune de Tuchan, Aude). L’entrée actuelle se fait par une porte étroite au rez-de-chaussée. Mais si cette porte est d’origine, elle était peut-être une sortie donnant accès à la cour. Car l’accès principal était peut-être au premier étage comme dans les tours de cette époque.

Le rez-de-chaussée forme une petite pièce aveugle de forme carrée et voûté en plein cintre. On y remarque dans le mur sud-ouest deux niches placard et dans le mur nord-ouest une grande niche couverte par un arc en plein cintre à la manière d’un arcosolium.

escalier aménagé dans l’épaisseur du mur

On accède au premier étage par un escalier très étroit aménagé dans l’épaisseur du mur, éclairé par quelques fentes étroites. Le même dispositif s’observe au château de Cadéac.

niche en forme d’arcosolium. A noter qu’il manque une assise de pierres à la banquette qui était donc plus haute

Le second niveau possède comme le premier une niche en forme d’arcosolium qui devait servir de lit. Elle est aménagée dans le mur nord-est. On peut imaginer que sur la banquette prenait place un matelas et qu’un rideau fermait la niche à la manière d’un lit clos pour protéger son occupant du froid.

Niches placard de la chambre du 2e étage

Dans le mur sud-est sont aménagées trois niches placard. Et dans le mur nord-ouest une porte donne accès à un étroit couloir aménagé dans le mur. À son extrémité sud s’ouvre une niche comportant un évier ou lavabo. L’autre extrémité donne accès à une ouverture donnant maintenant dans le vide. C’était sans doute l’entrée primitive de la tour ou une latrine. Malgré ses dimensions modeste cette chambre ou camera est donc pourvue d’un certain confort. Cependant il devait y faire froid et sombre. En l’absence de cheminée il faut imaginer la présence d’un braséro

Le passage étroit entre la chemise et la tour côté nord-ouest. Observer le départ d’arc qui supportait une latrine ou un petit pont.

En reprenant l’escalier on accède à une terrasse offrant une vue magnifique sur la vallée de la Barousse.

Pour en savoir plus :

 

     Attention, ne pas confondre le château de Bramevaque en Barousse, qui fait l’objet de cet article, avec  un autre château nommé Bramevaque, qui se situe en Ariège, commune d’Arrien-en-Bethmale, en Couserans.

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5 commentaires pour Bramevaque, un château méconnu des Hautes-Pyrénées

  1. Jackie Mansas dit :

    Bonjour Monsieur, je viens de tomber sur votre site en cherchant des photos aériennes du château de Bramevaque. Vous avez fait un travail remarquable mais permettez-moi de vous dire que ce site tout comme la vallée de Barousse, n’ont jamais appartenu au comté de Comminges. Je vous invite à aller faire un petit tour dans mon blog capsbourrutdespyrenees.over-blog.com, vous allez comprendre pourquoi. Lorsque j’ai fait ma thèse de doctorat il y a bien longtemps (80-83), j’ai seulement fait un détour par ce village mais maintenant, il me plaît de raconter leur histoire à tous.
    La mention « château des comtes de Comminges » a été décidée en février 1993 lors d’une réunion des élus de Barousse, enfin des principaux sous la houlette de Messieurs Fortassin et Marrot et d’une chargée de mission du Conseil Général, afin d’attirer des touristes en Barousse. Oui… Comme j’avais eu l’outrecuidance de protester car en général, lorsque des fausses informations historiques sont ainsi mises en évidence, les quolibets et autres moqueries fleurissent, je me suis fait remettre à ma place assez méchamment « je ne connaissais rien au développement économique et touristique ». On a vu ce que ça a donné….Je vous invite aussi à lire Armand Sarramon (Les Quatre-Vallées) et Jean-Léonard Pène (la Barousse…)des vieux livres mais des bibles pour l’histoire de cette région. En tout cas, cet article est vraiment bien documenté et les photos sont belles. Bonne soirée à vous et merci de ce si bel article. Jackie Mansas.

    • Bonjour, merci pour l’intérêt que vous trouvez à mon blog et les précisions que vous apportez. Cependant je n’ai pas trouvé sur votre blog d’informations sur les constructeurs et propriétaires du château. Une notice sur le château de Labarthe affirme que c’est Sanche de Labarthe qui fut au XIe siècle le constructeur du château : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5445547r/f177.image.r=château%20de%20bramevaque%20labarthe Connaissez-vous une étude récente et sérieuse sur ce château ?

      • Mansas Jacqueline dit :

        Pardon de répondre si tard, des ennuis… il n’y a pas grand chose sur ce château sauf dans les livres de Pène et Sarramon. Pour ma part lorsque j’ai fait ma thèse, j’ai trouvé un document mentionnant les revenus mensuels des gardes du château qui paraissait intact avant la Révolution. Les articles sur le château ne mentionnent en général que la légende et ne décrivent pas l’ensemble architectural, ce que je me propose de faire car ce site me plait énormément et croyez-moi je me servirai de vos informations car elles font avance les recherches. Je pense que le château n’était pas habité en permanence par le seigneur du lieu, le vicomte ou baron de Labarthe. C’est bien entendu Sanche et le roi d’Aragon qui ont remonté un fort romain, comme vous l’avez constaté sans doute, il est bâti selon les méthodes romaines. Il y avait une forte garnison tout au long du Moyen-âge, cela se voit à la superficie des ruines avec sans doute un appartement seigneurial mais de mauvaise facture. Et nous trouvons une tour d’angle qui devait être à signaux, ainsi qu’une bâtisse aveugle à part deux fenestrons bâtie sur le vide qui était sans doute la prison de la baronnie. Elle ne peut pas avoir appartenu au comté de Comminges lorsque cette fonction élective du temps de Charlemagne disparut au profit de titres de noblesse. La Barousse se trouve sur la rive gauche de la Garonne et donc dans le comté de Bigorre démembré très vite avec le comté d’Aure puis par héritage, vicomté de Labarthe. A noter que Bertren et Siradan sont restés dans le giron Comminges vers le 9ème /10ème siècle puis sont très vite passés sous la domination de Sanche d’Aure et du roi d’Aragon. À la veille de la Révolution, il n’y avait que 3 gardes et un capitaine. Je pense que le grand bâtiment en ruines et sous les ronces devait avoir, outre l’habitation des gardes et du seigneur, une fonction de protection de la population en cas d’attaque, on pouvait planquer les animaux dans la basse cour et se cacher là-haut. Mais bon , on n’est sûr de rien. Bonne journée !

  2. Al Gerard dit :

    – Pourquoi votre lien parle du tome 2 mais nous dirige sur le 1 ?
    – Vérifiez ce n’est pas une farce : « Plusieurs articles sur la Barousse et sur Bramevaque, une description du site, son histoire et et sa légende dans le tome II, 1886 de la Revue de Comminges. »
    D’avance merci

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