Lucien Bayrou est l’un des meilleurs spécialistes de l’architecture militaire méridionale de saint Louis à Louis XIV. Il vient de publier un ouvrage de référence qui fait la synthèse de ses travaux sur les fortifications médiévales du Languedoc.
Éditions Picard, collection Les monuments de la France gothique, 2013, 288 p., 221 illustrations, glossaire, bibliographies, index, 48 €
Lucien Bayrou : un infatigable chercheur
L’auteur est architecte des bâtiments de France honoraire. Il a exercé longtemps dans les Pyrénées-Orientales et a profité de sa récente retraite pour publier ce bel ouvrage, fruit de presque quarante ans de recherches. Lucien Bayrou est l’un des pionniers de la recherche archéologique sur les châteaux du Languedoc. Au début des années 1970 les vestiges de Montségur ou de Peyrepertuse passent pour des constructions réalisés par des cathares, ruinées pendant la croisade des Albigeois. Par ses recherches il a montré que ces vestiges sont pour l’essentiel des forteresses royales. Infatigable chercheur, il a accompli un travail considérable de relevés de sites, dans la lignée d’un Viollet-le-Duc . Mais aussi des recherches archéologiques rigoureuses, particulièrement au château de Peyrepertuse. À travers ses recherches il s’est intéressé aux techniques de construction de ces forteresses, sujet de sa thèse soutenue en 1978, à leur histoire, à la vie quotidienne de ces lieux. C’est également l’un des membres fondateurs du Centre d’archéologie médiévale du Languedoc, association basé à Carcassonne qui a édité la majorité de ses travaux. Élargissant ses problématiques, il a dirigé un projet collectif de recherche sur la frontière séparant le Languedoc du Roussillon entre 1258 (traité de Corbeil) et 1659 (Traité des Pyrénées).
On trouvera la suite du compte-rendu que j’ai fait de cet ouvrage sur la Cliothèque.
Et comme j’ai eu le plaisir de participer, entre 1984 et 1988, aux recherches archéologiques dirigées par Lucien BAYROU à Peyrepertuse, voici quelques photographies prises pendant les chantiers de fouilles.
D’abord quelques diapositives prises en juillet 1985 lors de la fouille de l’église Saint-Marie de Peyrepertuse. Cette église était au XIIe siècle le chef-lieu d’une prévôté religieuse de trois chanoines issus du prieuré de Serrabonne et dont dépendait trois autres églises paroissiales : l’église Saint-Étienne qui se trouvait à l’Est du château, et les églises de Duilhac et Rouffiac. (Voir l’article Petits établissements monastiques masculins des Corbières). Quand le village qui se trouvait autour du château a disparu au profit de la forteresse royale, l’église Saint-Marie est devenu la chapelle castrale du château et le lieu de sépulture de quelques membres de la garnison. Les fouilles ont permis la découverte de plusieurs sépultures près de l’autel, notamment celle de deux adultes, probablement des religieux, et celle de deux enfants morts en bas âge. Ce sont ces deux dernières sépultures que j’avais fouillées.
- Sépulture d’enfant mort en bas âge
- L’emmarchement du choeur de l’église Sainte-Marie en cours de fouille. On distingue trois fosses sépulcrales
- Les sépultures de deux enfants morts en bas âge
- Sépulture d’enfant en bas âge en cours de fouille
- Deux sépultures d’adultes. L’un deux a été enterré avec un crucifix de bronze. C’était peut-être le chapelain.
- Deux sépultures d’adultes. L’un deux a été enterré avec un crucifix de bronze. C’était peut-être le chapelain.
- Vue générale de l’emmarchement de l’église Sainte-Marie en cours de fouille
En marge du chantier de fouille Lucien BAYROU a pratiqué un exercice de remontage de deux dalles du chemin de ronde. Fort de son expérience en anastylose acquise sur le chantier de Xanthen en Turquie, il a réalisé une « chèvre » avec quelques barres d’échafaudage. Cette technique relativement simple était celle des constructeurs du Moyen Âge et de l’Antiquité. Cela nous a permis, le 18 août 1988, de remonter deux dalles du chemin de ronde. Ce travail a été poursuivi quelques années après par des entreprises agréées Monument historique. Voici, extraites de mes archives, quelques photos prises sans doute par Lucien Bayrou de cette expérience d’anastylose :
- Gauthier LANGLOIS en tenue de fouille
- Gauthier LANGLOIS et Robert LOPEZ (maire de Duilhac) déplaçant une dalle de chemin de ronde
- Levage de la dalle de chemin de ronde avec une chèvre. De gauche à droite : X, Jean-Luc MERCKX, Robert LOPEZ, Gauthier LANGLOIS, X
- Levage de la dalle de chemin de ronde avec une chèvre. De gauche à droite : X, Jean-Luc MERCKX, Robert LOPEZ, Gauthier LANGLOIS, X
- Jean-Luc MERCKX et Alex MAYANS réceptionnent la dalle de chemin de ronde
- Jean-Luc MERCKX, Alex MAYANS et Thierry X remettent en place une dalle de chemin de ronde.
- Robert LOPEZ, Jean-Luc MERCKX, Alex MAYANS, Franck NOËLL et Thierry X remettent en place une dalle du chemin de ronde.
Pour en savoir plus :
- Bayrou Lucien, Alessandri Patrice, Bayrou Lucien, Barrère Michel, Bonnet Patrick, Bouvier Christian, Cazes Jean-Paul, Delva Bernadette, Doutres Bernard, Fonquernie Laurent, Fontan Patrick, Franquet Denise, Martzulff Michel, Mayans Alex, Maso David, Merckx Jean-Luc, Séguy Isabelle, Travé Joseph, Vargas Jean-Manuel. Peyrepertuse. Forteresse royale. Archéologie du Midi médiéval, Supplément n°3, 2000, 288 p. En ligne sur le site Persée : <http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/amime_1278-3358_2000_sup_3_1_1505>
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Bayrou Lucien, Joussemet Jocelyne, Séguy Isabelle, Alessandri Patrice, Bouvier Christian, Blanc Jean, Doutres Bernard, Fontan Patrick, Seret Bernard. L’église Sainte-Marie de Peyrepertuse (Aude), Archéologie du Midi médiéval, tome 8-9, 1990, pp. 39-98. En ligne sur le site Persée : <http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/amime_0758-7708_1990_num_8_1_1204>
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Bayrou Lucien. Peyrepertuse – L’éperon de Peyrepertuse , Archéologie du Midi médiéval, tome 2, 1984, pp. 194-199. En ligne sur le site Persée : <http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/amime_0758-7708_1984_num_2_1_1753>
- Bayrou Lucien. Les garnisons et l’armement des forteresses royales des Corbières (Aude), Archéologie du Midi médiéval, tome 1, 1983, pp. 51-58. En ligne sur le site Persée : <http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/amime_0758-7708_1983_num_1_1_995 >
Macarel ! Eh oui, Lucien, muté à Lyon en 83, après avoir participé à la première campagne de fouilles, je n’ ai pas assisté à l’ édification de la » chèvre » J’ ai eu la surprise, il y a quelques années, de m’ apercevoir que je descendrais des sires de Peyrepertuse . C’est sur Geneanet ( base « tequila » ) et j’ aurais bien voulu que tu confirmes la chronologie que j’ ai copiée, je ne sais plus où / Alain ROCHER ( Urbaniste retraité en Gironde)
Bonjour, la famille de Peyrepertuse s’est repliée sur ses possessions roussillonnaises après la croisade des Albigeois. On les suit au moins jusqu’au XVIIe siècle. Voir notamment LAZERME (Philippe). – Noblessa Catalana, cavallers y burgesos honrats de Rossello y Cerdanya, Paris : Philippe Lazerme, 1975-1977, 3 vol.