L’apparition des cottes d’armes et housses armoriées en France (XIIe-XIIIe siècles)

Le seigneur de Coucy équipé d'un écu, d'une cotte et d'une housse aux armes. Fresque de l'église de Coincy (Picardie) vers 1200. Relevé © Ministère de la Culture, base Patrimoine.

Le seigneur de Coucy équipé d’un écu, d’une cotte et d’une housse aux armes. Fresque de l’église de Coincy (Picardie) vers 1200. Relevé © Ministère de la Culture, base Patrimoine.

     Les échanges entre les adeptes de la reconstitution historique d’une part, les historiens et archéologues d’autre part sont souvent très fructueux. En confrontant leurs savoirs, leurs expériences et leurs questions spécialistes et reconstituteurs peuvent faire progresser la science historique. Ainsi au début du mois de décembre 2008 un débat agite la communauté des mordus de la reconstitution historique sur le forum Grand sud médiéval : est-ce qu’au début du XIIIe siècle les chevaliers du sud de la France portaient une cotte d’armes ?

     Précisons tout de suite, tout le monde n’étant pas familier avec le vocabulaire militaire du Moyen Âge, que la cotte appelée encore tabar est une sorte de tunique ou de robe que les chevaliers pouvaient porter sur leur cotte de maille. Certains font remonter l’origine de ce vêtement à la première croisade en Terre Sainte. Dans cette région particulièrement ensoleillée en été la cotte permettait au combattant d’éviter une surchauffe du métal. D’abord unie, la cotte a été ensuite décorée. Avec la bannière, l’écu et la housse du cheval, la cotte est devenue l’un des principaux  supports des armes ou armoiries de son possesseur. On parle alors de cotte d’armes, terme qui en anglais est devenue coat of arms et désigne encore dans cette langue les armoiries.

     Oui mais voilà, à quelle date apparaissent les cottes d’armes ? Telle est la question que me pose il y a plus de quatre ans David Carniel président de la Compagnie des seigneurs d’Hautpoul. C’est une version développée et actualisée de la réponse que je lui avais faite que vous trouverez ici.

Les sceaux : une source pour l’étude du costume médiéval

     Si le problème de l’apparition des armoiries sur les écus et bannières a fait l’objet de nombreux travaux depuis le XIXe siècle, il semble que la diffusion des armoiries à d’autres supports ait peu intéressé les historiens. L’un des premiers à s’intéresser à ce sujet est Gaston Demay dans Le costume au Moyen-âge d’après les sceaux, publié en 1880. Dans cet excellent ouvrage Demay cite les sceaux de Savary de Mauléon en 1225 et d’Henri d’Avaugour en 1235 comme les premiers exemples bien datés de représentation de cottes armoriées. L’utilisation des sceaux pour résoudre ce problème est tout à fait pertinente. Les empreintes de sceaux sont datées de manière très précise par la date des actes au bas desquels ces sceaux sont apposés. Mais l’empreinte ne fournit qu’un terminus ad quem ou date plafond, le terminus a quo, c’est-à-dire la date de fabrication de la matrice pouvant être bien antérieur. Toutefois ces dates sont bien plus précises que celles fournies par la littérature, les miniatures et les fresques. De plus une même personne peut avoir possédé plusieurs sceaux successifs. L’intervalle d’utilisation de la matrice s’en trouve réduit et sa datation plus précise. C’est ainsi que Simon de Montfort a fait usage de trois sceaux, chacun correspondant à un changement de situation : le premier réalisé vers 1195 au moment où il hérite de la seigneurie de Montfort et de la charge de gruyer de la forêt d’Yveline ; le second réalisé vers 1204 date à laquelle il hérite du titre de comte de Leceister ; le troisième réalisé peu après 1215, date à laquelle il est investi du comté de Toulouse.

Les sceaux méridionaux : une source méconnue

Sceau de Bertrand de Belpech, milieu XIIIe siècle (Moulage: Archives nationales, Service des sceaux, S 7690 d'après une matrice trouvée à Belpech dans l'Aude). L'écu et la housse sont aux armes.

Sceau de Bertrand de Belpech, milieu XIIIe siècle (Moulage: Archives nationales, Service des sceaux, S 7690 d’après une matrice trouvée à Belpech dans l’Aude). L’écu et la housse sont aux armes.

     Les grandes collections de moulage de sceaux réalisées au XIXe siècle aux Archives nationales ayant été déjà exploitées par Demay et de nombreux chercheurs, je me suis concentré sur les sceaux méridionaux. Ces sceaux sont malheureusement beaucoup moins connus, n’ayant pour la plupart pas fait l’objet de catalogues et de moulages systématiques contrairement à ceux du nord de la France. De plus j’ai vite réalisé que sur la plupart des sceaux équestres la cotte est cachée par l’écu, en particulier pour les sceaux les plus anciens correspondant à une époque où l’écu était très grand. Et même quand la cotte est en partie visible, le manque de place n’a pas toujours permis à l’artiste de représenter une cotte armoriée. Et même quand la place ne manque pas, l’artiste a du faire un choix entre la représentation des plis de la cotte donnant une impression de mouvement et la représentation des armes nécessitant un champ lisse. Cependant, si le caparaçon (ou housse) du cheval est armorié, on peut supposer que c’est également le cas de la cotte. Je me suis donc attaché à repérer aussi la présence de housses armoriées.

La cotte d’armes

Sceau de Robert Ier, comte de Dreux, 1184. (Moulage: Archives nationales, service des sceaux, D 720)

Sceau de Robert Ier, comte de Dreux, 1184. (Moulage: Archives nationales, service des sceaux, D 720)

Le sceau de Robert Ier, comte de Dreux (1184)

     Sur ce sceau équestre le cavalier apparait vêtu d’une sorte de tunique qui ne descend pas au-dessous de la ceinture devant, mais se prolonge jusqu’au niveau des pieds derrière. Sur cette tunique est figuré un quadrillage serré. Ce quadrillage n’est pas sans évoquer l’échiqueté d’or et d’azur à la bordure de gueules que ce frère du roi de France a choisi, peut-être dès 1152, comme armoiries. Le cavalier porte un écu possédant une bordure qui évoque ces mêmes armoiries. Mais, sans doute faute de place, l’artiste n’a pas représenté d’échiqueté sur le champ de l’écu. Car celui-ci est en grande partie occupé par un umbo, une pièce métallique en saillie destinée à écarter les coups d’épée. La tunique de ce cavalier serait la plus ancienne représentation de cotte d’arme que j’ai repérée. Toutefois, si l’on examine les sceaux des successeurs de Robert Ier de Dreux, aucun ne porte de cotte armoriée et ce au moins jusqu’en 1268.

Raimond Trencavel, fils du vicomte Roger II de Béziers. (Moulage: Archives nationales, service des sceaux, D 759)

Fragment du sceau de Raimond Trencavel, fils du vicomte Roger II de Béziers, 1211. (Moulage: Archives nationales, service des sceaux, D 759)

Le sceau de Raimond Trencavel, 5 juin 1211.

     Ce sceau est celui du frère cadet de Roger II, vicomte de Béziers, Albi et Carcassonne. Il a longtemps été pris pour le sceau du vicomte Raimond Roger, fils de Roger II, qui n’a que quatre ans à cette date. Pour Laurent Macé, sur l’écu de ce sceau « semble représenté un lion rampant contourné. Peint sur l’écu, ce meuble héraldique est répété sur la cotte d’armes de Raimond, au niveau de la poitrine, mais aucunement sur la monture qui ne paraît pas être caparaçonnée. » Si sur la cotte une forme peut évoquer un lion, j’avoue avoir beaucoup de mal à voir un lion sur l’écu. L’état du sceau ne permet pas de trancher et d’avoir la certitude de l’existence d’une cotte armoriée.

A gauche, lion un lion contourné (revers du second sceau de Simon de Monfort, 1211). A droite détail du sceau de Raimond Trencavel.

A gauche, un lion contourné (revers du second sceau de Simon de Monfort, 1211). A droite détail du sceau de Raimond Trencavel. Sur la cotte à droite et l’écu à gauche Laurent Macé voit un lion contourné.

Détail du sceau de sceau de Savary de Mauléon, 1225. (Dessin de G. Demay).

Détail du sceau de sceau de Savary de Mauléon, 1225. (Dessin de G. Demay).

     En définitive les deux premiers cas non équivoques de cottes armoriés sont ceux repérés par Gaston Demay. Le premier en 1225 sur le sceau de Savary de Mauléon (vers 1181-1233), un seigneur poitevin qui s’est mis au service alternativement des Plantagenêt et des Capétiens. Et le second en 1231 sur le sceau d’un seigneur breton, Henri d’Avaugour. Mais au moins jusqu’au deuxième tiers du XIIIe siècle, sur tous les autres sceaux que j’ai pu examiner, quand la cotte est bien représentée elle n’est pas armoriée.

Cavaliers s'affrontant à la lance. Fresque de l'église de Coincy (Picardie) vers 1200. Relevé © Ministère de la Culture, base Patrimoine.

Cavaliers s’affrontant à la lance. Fresque de l’église de Coincy (Picardie) vers 1200. Relevé © Ministère de la Culture, base Patrimoine.

La cotte d’arme sur les fresques

     Que peut-on tirer des autres sources ? Selon les contributeurs du forum Grand sud médiéval les plus anciennes représentations de cottes d’armes figurent sur une fresque de l’église de Coincy en Picardie. On y voit des combats de cavaliers évoquant une bataille ou un tournoi. Le premier fragment représente deux cavaliers qui s’affrontent à la lance. Celui de droite, le mieux conservé, possède un écu, une cotte d’armes et un caparaçon reproduisant les mêmes armoiries : un palé d’argent et de gueules au chef d’or. Sur un autre fragment apparaît un autre cavalier dont l’écu, la cotte d’armes et le caparaçon portent comme armoiries un vairé d’argent et de gueules. Il s’agirait du seigneur de Coucy dont les armes deviennent plus tard un fascé de gueule et de vair. Sur la base Patrimoine le Ministère de la culture date ces fresques de la seconde moitié du XIIe siècle. Cette datation se fonde sans doute sur l’armement. Cependant les casques pointus et les écus très allongés, caractéristiques des XIe et XIIe siècles sont encore utilisés au début du XIIIe siècle comme le montre par exemple le sceau de la ville de Béziers (1226) ou celui de Guerau de Cabrera dont la matrice date sans doute de 1209. Ces fresques pourraient donc dater de la fin du XIIe siècle ou du tout début du XIIIe siècle. Sur les fresques catalanes de la fin du XIIIe siècle comme celle retrouvée au palais des comtes de Barcelone les chevaliers portent systématiquement une cotte d’armes, mais aussi les sergents à pied dont la cotte est aux armes de leur seigneur. À cette date tous les combattants, même les plus humbles, semblent vêtus d’une tenue héraldique. Mais cela ne correspond pas forcément à une réalité de terrain.

Piétons vêtus d'une cotte aux armes de leur seigneur. Fresque de la conquête de Majorque, Barcelone, Palau reial major, vers 1285-1290

Piétons vêtus d’une cotte aux armes de leur seigneur. Fresque de la conquête de Majorque, Barcelone, Palau reial major, vers 1285-1290

La cotte d’arme dans la littérature

     Voyons maintenant ce que nous apprennent les mentions textuelles. Dans la littérature l’expression cotte d’arme apparaît pour la première fois sous la forme cote a armer, dans le Roman de la rose de Jean Renart. Ce roman est connu aussi sous le nom de Guillaume de Dole d’après le nom d’un des héros, pour éviter la confusion avec le Roman de la rose de Guillaume de Lorris beaucoup plus célèbre. Les spécialistes de la littérature datent ce roman du premier tiers du XIIIe siècle. Pour Félix Lecoy il aurait été écrit vers 1228, pour Rita Lejeune il aurait été écrit vers 1212. Il n’avoit vestu q’un porpoint, fors sa cote a armer desus, un chapelet de flors, sanz plus, ce sachiez, qui mout l’amenda. (Guillaume de Dole, éd. F. Lecoy, vers 2503). La seconde mention est due à Baudoin de Condé, un ménestrel originaire du Hainaut, actif entre 1240 et 1280. Dans le poème Li contes des Hiraus, un récit satirique qui décrit l’antagonisme entre les hérauts d’armes et les ménestrels, il est question de cote armoire puis de cotes d’armes. (Baudoin de Condé, éd. A. Scheler, p. 168, vers 460 et 484). Les mentions textuelles sont donc rares et tardives et ne nous apportent rien sur l’apparition de la cotte d’arme.

Sceau de Jean de Beaumont, 1271. (Moulage : Archives nationales, service des sceaux, D 1361). L'écu, la housse et la cotte portent les armes familiales: un gironné brisé d'un lambel.

Sceau de Jean de Beaumont, 1271. (Moulage : Archives nationales, service des sceaux, D 1361). L’écu, la housse et la cotte portent les armes familiales: un gironné brisé d’un lambel.

     Que conclure ? La cotte d’arme semble apparaitre dans les années 1180. À cette époque les emblèmes individuels et permanents dont la haute aristocratie fait usage depuis la première moitié du XIe siècle sont devenus de véritables armoiries héréditaires. Dans les années 1180-1230 avec l’extension de l’usage des armoiries à toute la noblesse la cotte d’arme semble utilisée aussi bien par la haute aristocratie que par de simples barons. Toutefois la rareté des représentations et des mentions textuelles avant la fin du XIIIe siècle pose problème. Des grands princes tels que les comtes de Toulouse, les roi d’Aragon ou les rois de France qui font pourtant usage d’emblèmes héraldiques dès le milieu du XIIe siècle, ne se font jamais représenter avec une cotte d’armes avant la fin du XIIIe siècle. Il semble bien que la cotte d’arme semble longtemps d’un usage rare, peut-être réservé aux tournois.

Le caparaçon ou housse armoriée

Sceau d'Alphonse, roi d’Aragon, comte de Barcelone et marquis de Provence, 1185. Dessin de Blancard.

Sceau d’Alphonse, roi d’Aragon, comte de Barcelone et marquis de Provence, 1185. Dessin de Blancard.

Une origine provençale et catalane ?

     L’apparition et l’usage du caparaçon sont beaucoup mieux documentés. En effet, sur les sceaux, contrairement à la cotte souvent cachée ou trop petite pour être décorée, la housse du cheval offre à l’artiste une grande surface à décorer. Les plus anciennes représentations que j’ai repérées figurent sur des sceaux provençaux et catalans, soit dans les possessions de la couronne d’Aragon. Dans leurs sceaux équestres datés respectivement de 1178 et 1180 Raimond Bérenger IV, comte de Provence et son frère Sanche, duc et comte de Provence n’ont pas fait figurer de housse. En revanche leur frère Alphonse, roi d’Aragon, comte de Barcelone et marquis de Provence possède un sceau utilisé entre 1185 et 1193 où les armes d’Aragon apparaissent sur le caparaçon comme sur l’écu et la bannière. Même chose pour le sceau de Guillaume des Baux, prince d’Orange, daté de 1193, avec l’étoile, arme des seigneurs des Baux. Au cours de la fin du XIIe siècle et du XIIIe siècle, les descendants et successeurs des familles d’Aragon et des Baux font systématiquement usage d’une housse armoriée. Citons encore Roustan de Sabran, sénéchal du comte de Toulouse en 1202 ; Ermengol VIII, comte d’Urgell en 1208 et tous ses successeurs ; Nuno Sanche comte de Roussillon sur ses sceaux de 1214 et 1226 ; Garsenne comtesse de Provence et de Forcalquier en 1220 ; Guerau IV de Cabrera en 1223.

     De Provence et Catalogne l’usage de la housse armoriée semble se répandre en France méridionale dans les années 1220-1230 : Bernard comte de Comminges en 1219 ; Amauri de Craon, sénéchal d’Anjou en 1223 ; le poitevin Savary de Mauléon en 1225, Bernard Oton de Niort, seigneur de Laurac et la ville de Béziers en 1226, le comte Raimond VII de Toulouse en 1228, le comte de Foix en 1229… Dans les années qui suivent presque tous les sceaux équestres méridionaux font apparaitre une housse armoriée. Au niveau archéologique les fouilles de Cabaret (Aude) comme celles de Montségur (Ariège) ont livré des accessoires de vêtement armoriés antérieurs à l’abandon de ces sites vers 1240-1243. Boutons, boucles de ceintures, pièces de harnachement, et appliques armoriées montrent que vers 1240 les emblèmes héraldiques ont envahi tous les équipements des chevaliers méridionaux.

Sceau d'Amaury VI de Montfort, 1230 (Moulage: Archives nationales, Service des sceaux, D 710).

Sceau d’Amaury VI de Montfort, 1230 (Moulage: Archives nationales, Service des sceaux, D 710). On reconnait sur l’écu et la housse le lion à la queue fourche des Montfort.

La diffusion de la housse armoriée dans la France de langue d’oïl

     En France de langue d’oïl la housse armoriée semble apparaître plus tard et rester longtemps plus rare. Selon Louis Douët d’Arcq, Mathieu II, sire de Montmorency, peut, dans ses différents sceaux, nous donner le point de départ du sceau équestre aux armes. En effet, sur le sceau de 1193 le cheval n’a pas de housse, tandis que sur celui de 1203 et celui de 1224, le cheval possède une housse aux armes. Le savant sigillographe ne connaissait pas les sceaux provençaux plus précoces d’une génération. Dans la famille de Dreux si le comte Robert II ne fait pas usage de housse sur son sceau de 1215, ce n’est plus le cas de son successeur Robert III en 1225. Citons encore Amaury VI de Montfort en 1230 et un seigneur breton, Henri d’Avaugour, en 1231. Les exemples se multiplient ensuite sans que la housse armoriée, ni même la housse, soit systématique.

Conclusion

     Que peut-on conclure en l’état de la documentation examinée ? Si la cotte d’arme et la housse armoriée apparaissent dans les années 1184-1185, leur origine et leur diffusion différent. La cotte d’arme semble une mode venue du Nord de la France sans doute en relation avec les nombreux tournois qui s’y déroulaient. Mais elle semble rester partout rare jusque dans la seconde moitié du XIIIe siècle, tout au moins dans les représentations. La housse armoriée semble une mode venue de Provence qui se diffuse ensuite en Catalogne et France méridionale.  Sa diffusion est plus rare et plus tardive en France de langue d’oïl. L’apparition des cottes et housses armoriées est donc plus précoce que ce qui était avancé jusque-là. Et contrairement à ce qui a été longtemps affirmé, la France de langue d’oc n’est pas en retard sur la France de langue d’oïl pour la diffusion des emblèmes héraldiques.

     La question posée sur le forum Grand sud médiéval pouvait paraître anecdotique et ne concerner que les reconstituteurs. En réalité la conclusion ouvre de nouvelles perspectives historiques et permet notamment de préciser la datation des fresques de Coincy. Reste à confronter ces conclusions avec d’autres sources, notamment celles provenant des pays voisins de la France.

Pour en savoir plus :

Quelques articles sur le costume et les sceaux :

  • Barthet (Laure). – Muret 1213-2013. Guide des costumes, Muret : Comité Muret 1213-2013, 61 p. [En ligne sur http://www.muret1213.org/]
  • Barthet (Laure). – « Les usages vestimentaires méridionaux. L’exemple du chevalier au début du XIIIe siècle », Histoire et images médiévales, n° 30, février-mars 2010, p. 67-78.
  • Chassel (Jean-Luc), « Le nom et les armes : la matrilinéarité dans la parenté aristocratique du second Moyen Âge », Droit et cultures [En ligne], 64 | 2012-2, mis en ligne le 15 janvier 2013 : http://droitcultures.revues.org/2849
  • Débax (Hélène), Macé (Laurent). – « Deux sceaux inédits des Trencavel (1185 et 1202) », Annales du Midi, 2004, p. 377–391. [En ligne sur http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/49/88/77/PDF/Debax_Sceaux.pdf]
  • « Héraldique et emblèmes », Histoire et images médiévales, n° 25, mai-juillet 2011.
  • Langlois (Gauthier). – « Les sceaux de Simon de Montfort : un itinéraire politique », Médiévales 2009 Baziège. Actes du colloque d’historiens du 14 novembre 2009 organisé par l’Association de recherches baziégeoise racines et environnement, Baziège : ARBRE, 2010, p. 129-143.
  • Macé (Laurent). – « Par le tranchant, la rave et l’hermine. Pouvoir et patronyme : les sceaux des Trencavel (XIIe–XIIIe siècles) », Cahiers de la civilisation médiévale, Xe–XIIe siècles, 51e année, avril–juin 2008, p. 105–128.

Sources :

  • Blancard (Louis). – Iconographie des sceaux et bulles des archives départementales des Bouches–du–Rhône, Marseille : Archives départementales, 1860. [En ligne sur Google Books: Volume 1 : description des sceaux. Volume 2 : Atlas.]
  • Dainville (Maurice Oudot de). – Sceaux conservés dans les archives de la ville de Montpellier, Texte et 492 dessins de M. Oudot de Dainville, Montpellier : Laffitte–Lauriol, 1952, 280 p.
  • Demay (Germain) – Le costume au Moyen Âge d’après les sceaux, Paris : D. Dumoulin, 1880, 496 p. [En ligne sur Gallica].
  • Devic et Vaissette (Dom). – Histoire Générale de Languedoc. Toulouse : réédition Privat, 1872–1885, 15 vol.
  • Douët d’Arcq (Louis) – Inventaire des collections de sceaux de l’Empire, Paris : Imprimerie Impériale, 1863–1868, 3 tomes. [En ligne sur Google Books: Volume 1].
  • Sagarra (Ferran de) – Sigillografia Catalana. Inventari, descriptio i estudi dels segells de Catalunya, Barcelona : Estampa d’Henrich I Ca, 1915, 3 vol. [Non consulté].

Annexe : liste de sceaux utilisés pour cette étude

     Explication des abréviations : ? = lacune du sceau. Abs. = support (bannière, écu, caparaçon ou cotte) absent. Non = absence d’armoiries sur le support. Oui = présence d’armoiries sur le support. Non visible = la cotte est cachée par l’écu. D = Archives nationales, service des sceaux, collection Douët d’Arcq. S = Archives nationales, service des sceaux, collection supplément.

Date

Titulaire

Bannière

Écu

Caparaçon

Cotte

Référence

1178 Raimond Bérenger IV, comte de Provence ? Oui Abs. Non visible Blancard, p. 7, n° 3 et pl. 2, n° 3.
1180 Sanche, comte et duc de Provence ? Oui Abs. Non visible Blancard, p. 7, n° 4 et pl. 2, n° 4.
1184 Robert Ier, comte de Dreux Abs. Oui Abs. Oui D 720
1185-1193 Alphonse, roi d’Aragon, comte de Barcelone et marquis de Provence Oui Oui Oui Non visible Blancard, p. 7, n° 5 et pl. 3, n° 1.
1192 Guilhem VII seigneur de Montpellier. Abs. Oui Abs. Abs. S 4052
1193 Guillaume des Baux, prince d’Orange Oui Oui Oui Abs. Blancard, p. 53, n° 11 et pl. 26 n° 2.
1193 Mathieu II de Montmorency Oui Abs. D 2942
1195 Raimond II, comte de Toulouse Abs. Oui Abs. Non visible Blancard, p. 16 n° 4 et pl. 7 n° 3.
1202 Robert II, comte de Dreux Abs. Oui Abs. Abs. D 721
1202 Roustan de Sabran, sénéchal du comte de Toulouse Oui Oui Oui Abs. Blancard, p. 56, n°3 et pl. 28 n° 2.
1203 Mathieu II de Montmorency Oui Oui D 2943
1208 Ermengol VIII, comte d’Urgell Oui Oui Oui Non visible Sagarra, Sigil·lografia   catalana
1211 Raimond Trencavel, fils du vicomte Roger II de Béziers Abs. Oui Abs. Peut-être D 759
1213-1220 Raimond IV des Baux, seigneur de Berre Oui Oui Oui Abs. Blancard, p. 51 n° 8 et pl. 26, n° 2.
1214 Nuno Sanche comte de Roussillon Non visible Oui Oui Abs. Blancard, p. 11 et pl. 5 n° 1.
1215 Robert II, comte de Dreux Abs. Oui Abs. Non D 722
1214 Hugues des Baux, vicomte de Marseille Non Oui Oui Abs. Blancard, p. 49 n° 3, pl. 25 n° 3.
1215 Hugues des Baux, vicomte de Marseille Oui Oui Oui Abs. Blancard, p. 48 n° I-1 et pl. 25 n° 1
1219 Bernard comte de Comminges (Trésor des chartes) Non visible Oui Oui Non Histoire générale de Languedoc
1220 Garsenne comtesse de Provence et de Forcalquier Oui Oui Oui Abs. Blancard, p. 11, n° 12 et pl. 5 n° 2.
1220 Jacques 1er d’Aragon Oui Oui Oui Non visible Montpellier
1223 Guerau IV de Cabrera(matrice sans doute réalisée en 1209, date à laquelle il devient   comte d’Urgell). Oui Oui Oui Non visible Sagarra, Sigil·lografia   catalana, n° 282.
1223 Amauri de Craon, sénéchal d’Anjou Abs. Oui Oui Non D 292
1224 Mathieu II de Montmorency, connétable de France Abs. Oui Oui Non D 192
1225 Savary de Mauléon (seigneur Poitevin) Abs. Oui Oui Oui D 2754
1225 Robert III, comte de Dreux Oui Oui D 726
1226 Jacques 1er d’Aragon Oui Oui Oui Non visible D 11222
1226 Sceau commun des citoyens de Béziers.(Le type est sans doute repris d’un sceau antérieur des vicomtes car   l’armement est un peu obsolète.) Oui Oui Oui Non visible D 5614
1226 Nuno Sanche comte de Roussillon Non visible Oui Oui Non visible Histoire générale de Languedoc
1226 Bernard Oton de Niort, seigneur de Laurac Abs. Oui Oui Non visible D 2552
1228 Raimond VII, comte de Toulouse Abs. Oui Oui Non visible D 744
1229 Roger-Bernard comte de Foix(Trésor des chartes) Oui Oui D 662
1230 Amaury VI de Montfort Abs. Oui Oui Non D 710
1231 Henri d’Avaugour(seigneur breton) Oui Oui Oui D 1260
1234 Hugues, duc de Bourgogne Abs. Oui Non Abs. D 469
1241 Jacques 1er d’Aragon Oui Oui Non visible D 11223
Milieu XIIIe siècle Bertrand de Belpech Abs. Oui Oui Non visible S 7690
1241 Raimond Béranger, comte de Provence et de Forcalquier Oui Oui Oui Non Blancard, p. 12, n° 13 et pl. 5 n° 3
1241 Roger IV, comte de Foix Abs. Oui Oui Non visible D 663
1241 1242 Raimond, comte de Toulouse Abs. Oui Oui Non visible D 745
1242 Maffré de Rabastens Abs. Oui Oui Non visible Histoire générale de Languedoc
1242 Pilfort de Rabastens Abs. Oui Oui Non visible Histoire générale de Languedoc
1247 Trencavel, vicomte de Béziers Abs. Oui Oui Non visible D 760
1254 Alphonse, comte de Poitiers et Toulouse Abs. Oui Oui Non D 1078
1255 Alphonse X, roi de Castille Abs. Oui Oui Non D 11247
1258 Jacques 1er d’Aragon Oui Oui Oui Non visible D 11224
1262 Jacques 1er d’Aragon Oui Oui Oui Non visible D 11225
1268 Robert IV, comte de Dreux Non Oui Oui Non D 730
1271 Jean de Beaumont Non Oui Oui Oui D 1361
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11 commentaires pour L’apparition des cottes d’armes et housses armoriées en France (XIIe-XIIIe siècles)

  1. Laurent Hablot dit :

    merci et bravo pour ce bel article
    pour poursuivre la discussion, je me permets de vous renvoyer à une récente publication
    « Le cheval et l’emblématique », Actes du congrès de la Société d’Archéologique médiévale, Le cheval au Moyen Age, PUFR, 2017, p. 113-128.
    dont je tiens le pdf à votre disposition si vous me donnez votre mail
    Bien cordialement
    L. Hablot

  2. Patrice Causse dit :

    Excellent article qui répond à mes soucis de reconstitution pour un jeu vidéo, mod de Médiéval II Total War ! Merci de faire partager ces connaissances et ses recherches sur le net 🙂

  3. Olivier Daugreilh, président de la troupe de reconstitution historique "Les Chevaliers du Trincou" dit :

    Bonjour, Dans la traduction, Bernard de Clairvaux écrit au Chapitre II. au sujet de la milice séculière en 1129 sur les chevalier laïque : « vous recouvrez vos cuirasses de je ne sais combien d’étoffe qui retombe de tout cotès ». Il faudrait voir le texte original, peu être que Bernard parle de « cotte d’arme » voici la traduction, https://www.jarrige.fr/wp-content/uploads/motos/templiers/Bernard_de_Clairvaux-De_laude_novae_militiae.pdf?fbclid=IwAR0iv1Bf_OBE78WJ7bo1J8wopnNKTBmf9dd69x3iu6OcOQio7xH4bqN7AVM

    • Bonjour Olivier et merci pour votre commentaire. Le texte latin, tel qu’il est édité dans la Patrologie latine de l’abbé Migne est « Operitis equos sericis, et pendulos nescio quos panniculos loricis superinduitis ; depingitis hastas, clypeos et sellas ; frena et calcaria auro et argento, gemmisque circumornatis : et cum tanta pompa pudendo furore et impudenti stupore ad mortem properatis. Militaria sunt haec insignia, an muliebria potius ornamenta ? »

      La traduction du passage par l’abbé Charpentier, que vous citez, est :
      « Vous chargez vos chevaux de housses de soie, vous recouvrez vos cuirasses de je ne sais combien de morceaux d’étoffe qui retombent de tous côtés ; vous peignez vos haches, vos boucliers et vos selles ; vous prodiguez l’or, l’argent et les pierreries sur vos mors et vos éperons, et vous volez à la mort, dans ce pompeux appareil, avec une impudente et honteuse fureur. Sont-ce là les signes de l’état militaire ? Ne sont-ce pas plutôt des ornements qui conviennent à des femmes ? »

      Le mot « panniculus » que Charpentier traduit par étoffe semble effectivement correspondre ici à une cotte puisqu’elle recouvre une cuirasse (lorica). Saint Bernard reproche aux chevaliers de décorer richement leur équipement et celui de leurs chevaux, mais rien n’indique que ces décorations peuvent être des armoiries. La date de rédaction du texte, vers 1129, se situe à l’époque de la naissance de l’héraldique, mais les premières armoiries attestées figurent sur des gonfanons, avant l’envahir progressivement tout l’équipement du chevalier et de sa monture.

      Concernant la traduction je me demande s’il ne faudrait pas traduire « pendulos » par pendants (décorations métalliques ornant les harnais des chevaux) et je ne vois pas pourquoi l’abbé Charpentier a traduit « hastas » par haches au lieu de lances. Je rectifierai la traduction ainsi: « Vous couvrez vos chevaux de housses de soie et de pendants; vous couvrez vos cuirasses de je ne sais combien de morceaux d’étoffe ; vous décorez vos lances, vos boucliers et vos selles…»

      • Olivier Daugreilh, président de la troupe de reconstitution historique "Les Chevaliers du Trincou" dit :

        Oui, vous avez parfaitement raison, les premières armoiries sur les cottes d’armes n’apparaissent qu’à la seconde moitié du 13ᵉ siècle. Par contre, elles sont bien sûr certaines bannières et boucliers à partir de la première moitié du 12ᵉ siècle. Pour les pendants, votre traduction est parfaitement exacte, car cet vraiment un signe de richesse, d’avoir des pendants sur la bricole de la selle. Concernant les peintures, je suis aussi 100 % d’accord avec vous que ce sont les hampes des lances qui sont peintes et non les haches. On a très peu de sources du 12ᵉ siècle de cavaliers avec des haches et encore moins avec des haches peintes, par contre, on a des sources de hampes de lance peinte comme l’enluminure italienne de 1150-1200, kept in Fulda, Hessische Landesbibliothek Fulda, Inventar-Nr. Hs. D 4 ; ou celle du Manuscript Morgan M.619 Winchester Bible 1160 1180 ou on voit des hampes de lance peinte ainsi que dans la règles 36 du temple de 1128.

  4. Philippe Figuière dit :

    Bonjour; Je viens de m’abonner au blog et je vous félicite pour vos articles excellents. Pour ce qui est de celui-ci, je pense que vous vous êtes trompé en attribuant le chevalier de l’église de Coincy au lignage de Coucy. Le chevalier qui pourfend son adversaire de sa lance porte les armes du lignage de Châtillon, parfaitement identifiables. L’autre celles du lignage de Traînel (voir différents sceaux très probants). Les deux maisons étaient vassales du comte de Champagne. Coincy faisait partie du comté, vers sa limite nord. Les Châtillon étaient seigneurs de Châtillon, Troissy, Crécy non loin de Coincy. On pourraît ici être en présence de Gui II de Châtillon, époux d’Alix de Dreux, ou son fils Gaucher III, Grand Bouteiller de France (+1219), et de Garnier II de Traînel (+1194), sénéchal du comté de Nevers.

    • Bonjour, l’attribution de ce chevalier figure sur la base patrimoine qui voit sur son écu, sa cotte et sa housse le « fascé de vair et de gueules » des Coucy. Mais effectivement, on voit sur les sceaux des Traînel présents sur la base Sigilla un champ de vair qui appuie votre identification. De plus l’empreinte du sceau de Garnier de Traînel, datée de 1211, porte une cotte aux armes : http://www.sigilla.org/sigillant/garnier-trainel-1634
      Je suis entièrement d’accord avec votre identification de l’autre chevalier avec un membre de la famille des Châtillon. Merci pour ces précisions et je vous encourage à faire une publication sur cette fresque de Coincy.

  5. Philippe Figuière dit :

    Je note de plus que Gaucher III de Châtillon épousa en 1196 Elisabeth de Saint-Pol/ Candavène, héritière de son père Hugues IV et petite-fille d’Anselme. L’usage des housses armoriées serait ainsi passé des Candavène aux Châtillon. J’aimerais aussi vous communiquer une petite recherche que j’ai faite sur les volets fixés sur le casque d’un certain nombre de lignages, et dont cette magnifique fresque offre un exemple remarquable. Cette question des premiers volets/lambrequins ne semble pas avoir été du tout étudié…

  6. Cet article est cité et exploité dans : Barthet (Laure), « Réflexions sur l’équipement chevaleresque occitan au temps de la croisade », Barthet (Laure), Macé (Laurent), (dir.). Cathares. Toulouse dans la croisade, Toulouse : Musée Saint-Raymond, 2024, p. 130-133.

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