De nouvelles BD sur Carcassonne

España la vida, planche 37, case 2

Silhouette nocturne de la Cité dans España la vida, planche 37, case 2

     L’évocation de Carcassonne en bandes dessinées s’enrichit de quatre nouveaux titres. Deux BD publiées récemment :  España la vida et  L’Histoire de Carcassonne ; deux BD à paraître : Histoire(s) de Carcassonne et Campus Stellae, sur les chemins de Compostelle – Tome 3.

España la vida

Couverture de España la vida

     España la vida, publiée en avril 2013, décrit le parcours de Léo un jeune anarchiste parisien s’engageant aux côtés des Républicains dans la guerre d’Espagne. Dans son voyage pour rejoindre la colonne Durruti, une célèbre brigade internationale, il fait étape à Carcassonne. C’est là qu’il rencontre Saïd Bouhadra, un kabyle  anarchiste et anticolonialiste qui va devenir son compagnon d’infortune.

     Cette halte audoise occupe deux planches sur un total de cent dix-sept. Le dessinateur, Eddy Vaccaro, y évoque plusieurs lieux de la Cité : la silhouette nocturne de la ville, la rue Cros-Mayrevieille et la place Marcou. Vaccaro s’est inspiré de l’aspect actuel de ces lieux auxquels il a donné une allure conforme aux années 1930.  On pourra par exemple comparer le dessin de la place Marcou avec des photos de cette place vers 1900 et de nos jours sur le site des Ciutadins.

La place Marcou et la silhouette de la porte Narbonnaise dans España la vida, planche 37, case 1

La place Marcou avec à gauche le buste élevé à Théophile Marcou. En arrière plan la silhouette de la tour du Tresaur cachée par un platane et de la porte Narbonnaise
(España la vida, planche 37, case 1)

     Indépendamment de l’évocation de Carcassonne la qualité de cette BD est de restituer avec beaucoup de sensibilité et d’exactitude l’engagement d’un jeune militant de la liberté dans la guerre civile espagnole. Cet ouvrage sera d’autant plus apprécié des Carcassonnais et plus généralement des méridionaux que nombre de familles de la région sont issues de réfugiés espagnols.

Pour en savoir plus sur les bandes dessinées autour de la guerre d’Espagne :

Couverture de l'Histoire de Carcassonne

Couverture de l’Histoire de Carcassonne.
Le cavalier qui sort de la porte d’Aude est vêtu d’un heaume à visière relevable de la fin du Moyen Âge. Les armoiries qu’il porte sur l’étendard sont fantaisistes et uniquement décoratives.

     L’Histoire de Carcassonne, publiée en juin 2013 aux éditions du Signe, est l’œuvre de l’historien carcassonnais Claude Marquié, du dessinateur bordelais Phil Castaza, et du scénariste Jean-Marie Cuzin. C’est un récit illustré de l’histoire de la ville du Néolithique à nos jours. Tous les évènements marquants et les monuments de la ville sont évoqués ou représentés. Parmi ces événements une place notable est consacrée, avec cinq planches, au développement du catharisme et ses conséquences :  la croisade des Albigeois, la création de l’Inquisition et le développement de la ville royale.

     Si les textes sont rigoureux et offrent un panorama complet de l’histoire de la ville, si le dessin est plaisant, le principe d’illustrer un discours historique rend cette BD peu vivante. En effet c’est une BD sans héros. Beaucoup d’images sont sans personnage et quand il y en a on ne les suit pas au delà d’une à trois case. De plus il n’a presque pas de dialogues. Presque tout le texte est concentré dans le cartouche qui surmonte chaque case.

     On notera également quelques anachronismes dans les reconstitutions médiévales, notamment la présence de catapultes. Rappelons que cet engin d’artillerie à ressort d’origine antique n’est plus utilisé au Moyen Âge qui lui a préféré des engins à contrepoids ou traction tels que pierrières, mangonneaux et trébuchets. D’autres d’images ne sont pas des reconstitutions mais montrent les lieux tels qu’ils sont maintenant et non tels qu’ils étaient. C’est ainsi que l’évocation du renforcement des fortifications de la Ville Basse au XVIe siècle est illustrée par une vue du bastion de Montmorency avec des panneaux routiers et des voitures. Ce type de procédé est une solution de facilité pour les auteurs mais c’est une dérive qui conduit à transformer cette œuvre en un guide touristique. Un guide illustré par des dessins d’après photo.

     La bande dessinée historique est un média qui permet pourtant de faire mieux en faisant revivre le passé à travers des personnages et des décors rigoureusement reconstitués.

     Au fil des siècles – Histoire(s) de Carcassonne est une bande dessinée née de mon initiative. Elle paraîtra à l’automne 2013 aux éditions Grand Sud. Bien que centrée sur le même thème que la précédente, cette BD est d’un principe très différent. Il s’agit de découvrir l’Histoire de la Cité et de la ville Basse à travers de petites histoires mettant en scène des personnages réels ou imaginaires à huit époques différentes. Par exemple la troisième histoire s’intitule 1355 : le Prince noir incendie la Ville Basse. Elle met en scène Pierre Rey, un jeune arbalétrier de la Cité originaire de Calais et Marie, la fille de Jehan Saval, un marchand drapier de la Ville Basse. Les deux jeunes tombent amoureux mais la guerre menée par le Prince Noir vient perturber leur histoire d’amour. A travers cette histoire inspirée de personnages réels (Marie Saval est le seul personnage inventé), de décors et de faits réels, nous avons voulu restituer le plus fidèlement possible la vie à Carcassonne à la fin du Moyen Âge. Voici en avant première une étude graphique réalisée pour cette histoire :

Édouard Plantagenêt, prince de Galles dit le « Prince noir » ou « Édouard de Woodstock » (Étude d'Éric Lambert pour l'histoire  « 1355, le Prince Noir incendie la Ville Basse »

Édouard Plantagenêt, prince de Galles dit le « Prince noir » ou « Édouard de Woodstock »
(Étude d’Éric Lambert pour l’histoire « 1355, le Prince noir incendie la Ville Basse »)

Et voici les titres (provisoires) des huit histoires :

  • 1194 : un troubadour raconte la légende de Dame Carcas à la cour vicomtale.
  • 1209 : le siège de Carcassonne.
  • 1355 : le Prince noir incendie la Ville Basse.
  • 1538 : la visite de la reine de Navarre.
  • 1660 : la visite du roi Louis XIV.
  • 1810 : inauguration du nouveau tracé du Canal du Midi.
  • XIXe siècle : la restauration de la Cité.
  • XXe siècle : la Cité, décor pour le cinéma.

     La rédaction des scénarios  a été confiée à quatre historiens : Charles Peytavie, Claude-Marie Robion, Fabienne Calvayrac et moi-même. Le dessin a été confié à sept dessinateurs de la région, chacun réalisant une ou deux histoires : Yigaël Coquel (dit Yigaël), Jean-Michel Arroyo, Éric Lambert, Emmanuel Nhieu, Christian Boube, Yves Renda, Gwenaël Marce  (dit Weissengel). Vous trouverez bientôt d’autres nouvelles de cette BD sur ce blog.

Couverture de Campus Stellae, tome 1

Couverture de Campus Stellae, tome 1

     Campus Stellae, sur les chemins de Compostelle – Tome 3. Campus Stellae, en latin le champ d’étoile ou Compostelle, est une nouvelle série éditée par Glénat et les éditions du Patrimoine avec Pierre-Roland Saint-Dizier au scénario et Andrea Mutti au dessin.

     Le tome deux est à paraître fin juin. Dans le tome III dont le scénario est en cours de rédaction les héros, des pèlerins de la fin du XIIIe siècle, feront escale à Carcassonne. Présentation de la série sur le site de Glénat : Campus Stellae.

Voir aussi sur ce blog:

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4 commentaires pour De nouvelles BD sur Carcassonne

  1. Carcassonne a toujours été une source d’inspiration……Bonne journée Gauthier !

  2. Jean-Yves CONNOIR dit :

    Quand je prends le temps de vous lire c’est un régal.
    Excusez moi je ne vous voyais pas si jeune.
    Je suis tombé dans le Catharisme quand je suis arrivé ici.
    Bravo pour votre travail

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